Évaluation – J.Bally Brut de fût millésime 1999 et 2000

Évaluation – J.Bally Brut de fût millésime 1999 et 2000

25 février 2020 1 Par Pierre-Olivier Côté

 

 

 

 

 

Bon après une petite pause d’écriture, il est maintenant temps pour moi de revenir sur certaines quilles et échantillons que j’ai obtenus dans les derniers mois. C’est donc avec ces 2 excellents J.Bally que je vais m’y remettre, ouf pas facile la vie! 😉

Donc en 2016, J.Bally en collaboration avec LMDW (La Maison Du Whisky: Importateur et distributeur français depuis plus de 60 ans) ont présenté pour la toute première fois de leur histoire, un brut de fût. Et pas n’importe quoi, un brut de fût vieillit entièrement en Martinique pendant 17 ans! On parlait ici d’une édition très limitée à 420 bouteilles, il s’agissait de 2 fûts. Suite à son succès, 2 autres millésimes lui succédèrent : les 1999 et 2000, c’est de ceux-ci que je vais vous parler. Donc pour ces 2 millésimes, on parle ici d’un vieillissement en Martinique de 17 ans, ce qui est énorme! Ce qui est encore plus surprenant est le fait qu’ils n’ont subi aucun ouillage!!! Wow! (l’ouillage est un terme qui désigne la mise à niveau des fûts lors du vieillissement) Donc, avec une part des anges qui tourne dans les alentours de 8% annuellement, c’est tout à fait remarquable de présenter un brut de fût vieilli 17 ans sans ouillage! Alors, puisque tout le monde semble comparer le 1999 au 2000 dans leur ordre de sortie, j’ai donc décidé de me faire une idée du 2000 avant de goûter le 1999 pour présenter un avis peut-être différent.

 

J.Bally Brut de fût millésime 2000

Donc, on parle ici d’un rhum agricole AOC rhum de Martinique, et qui dit AOC dit distillation en colonne créole. Par la suite, il a été mis en vieillissement dans d’anciens fûts d’ex-bourbon de chêne blanc américain de 200 litres. On parle ici d’environ 15 fûts qui ont donné près de 1500 bouteilles. Si vous faites le calcul, c’est près de 3000 litres qui ont donné à peine plus de 1050 litres au final. WOW! Il est présenté à son degré naturel sans réduction, qui est de 58,1%, et embouteillé dans la fameuse bouteille pyramide dessiner par M. Jaques Bally dans les années 30.

Au nez : Nous avons un nez qui semble très dense, mais très fin à la fois. J’y retrouve des notes de fruits confits avec les abricots, un peu de goyaves et très subtilement la mandarine ainsi que la bergamote. On y retrouve aussi un beau boisé fumé et chocolaté avec une toute petite et subtile touche de vanille. La canne reste présente tout au long de la dégustation, mais le boisé prend quand même le dessus. Pas surprenant après 17 ans de vieillissement sous les tropiques. Les épices s’y frayent aussi un chemin avec la muscade, un brin de gingembre et une légère pointe d’anis. Par la suite le cacao prend plus de place avec le chêne et un côté légèrement mentholé. Voilà un très beau nez très complexe et ô combien plaisant!

En Bouche :  Le bois est très présent avec une belle puissance. Les notes torréfiées de café et de cacao y sont très présentes accompagnées de belles et puissantes notes épicées. On y retrouve le clou de girofle avec les mêmes notes de gingembre que nous avions au nez, mais cette fois-ci avec un peu de poivre rose. Les fruits que nous avions au nez sont beaucoup moins présents, mais on y retrouve tout de même une touche d’agrume. La finale est vraiment très longue sur la canne et les épices sur fond de chêne mouillé.

 

 

J.Bally Brut de fût millésimes 1999

Alors, sensiblement la même chose pour le millésime 1999, un rhum agricole AOC de Martinique vieillit 17 ans, mais cette fois-ci dans d’anciens fûts de cognac de 300 litres. Édition limitée à 948 bouteilles. Il est aussi présenté dans la bouteille en pyramide et titre à 54,5%. 

Au nez : Notes très denses à la fois boisées et torréfiées, mais aussi assez fruitées et légèrement végétales. J’y découvre après un certain temps des amandes grillées en bas de verre avec un léger nougat. En montant dans le verre, j’y décèle aussi du cacao avec une petite pointe d’anis. Après un autre bon moment(environ 45min) il semble s’ouvrir encore et j’y retrouve maintenant un très léger cuir, du chocolat noir, de la noisette et pour finir des abricots avec de la papaye. Voilà encore une fois un nez d’une belle complexité

En bouche : Nous avons de belles épices en entrée de bouche suivie ensuite par des notes plus  gourmandes avec fruits confits. Le pruneau est très présent de même que le bois mais aussi avec des notes légèrement mentholées. Le cuir que nous avions au nez est plus présent, mais sans l’être trop. À la fois sec-puissant-gourmand, nous avons une belle variété d’arômes. Vif par moment, gourmand par d’autre moment ce rhum nous amène un peu partout, mais en restant bien construit et sans non plus s’étaler. La finale est longue sur un boisé assez tannique avec des traces de dates et de tabac bien humide. On y retrouve aussi les notes plus végétales de canne, qui semblaient disparues dans toute cette complexité, venant nous rappeler sa nature agricole. Vraiment une belle dégustation du début à la fin! Wow!!!

Opinion finale :  Nous avons droit ici à 2 excellents rhums, mais qui malheureusement font souvent l’objet de comparaisons l’un contre l’autre au lieu de les apprécier l’un et l’autre. Et je n’y fais pas exception avec cet article (oups!), mais bon! Par contre ce qui diffère comparé à plusieurs est que l’opinion que je me suis faite du 2000 n’a pas été influencée par le 1999 avant la dégustation.

Je dois dire avant toute chose que même si j’apprécie les rhums  »hors d’âge » et que je les trouve généralement très très bon, j’ai tendance à trouver qu’ils perdent un peu de ces notes de canne fraîche et aussi parfois un peu de vivacité que l’on retrouve dans des rhums plus jeunes. J’ai quand même une préférence pour les rhums de 10 ans et moins au niveaux des agricoles mais bon, ce n’est que mon opinion. Alors pour en revenir aux Bally, nous avons 2 excellents rhums, les 2 sont assez différents l’un de l’autre ce qui rend la chose intéressante à mon avis, nous n’avons pas 2 clones. Ces différences ont clairement un lien avec le type de fûts qui ont été utilisés pour chacun. Même un à côté de l’autre j’ai de la difficulté à choisir celui que je préfère. Si je voulais résumer un peu plus, ce qui à mon avis n’est peut-être pas une bonne idée, car un peu réducteur pour des rhums aussi complexe, je dirais que le 2000 me semble plus marqué par les épices et le 1999 plus marqué par les fruits confits et le bois. Après environ une heure, le nez du 2000 semble plus me plaire alors qu’en bouche c’est le 1999, MERDE!!!! Haha je me sens comme un enfant qui doit choisir entre Optimus et Iron Man…ou un jouet Star Wars et Star Trek….à non ça c’est facile 😉(N.B. j’ai hésité aussi avec la comparaison Metallica-Iron Maiden ou Dio-Bruce Dickinson, mais là je me suis dit que je tombais peut-être trop dans une niche plus spécifique et que je risque d’en perdre quelques-uns hahaha(quoique je viens quand même de le faire…(Oui j’ai aussi fait une parenthèse dans une parenthèse!))) Je peux comprendre pourquoi plusieurs semblent préférer le 1999, mais les 2 ont des profils assez différents pour les rendre aussi attractifs à mon goût personnel. Pour moi, il s’agit ici de 2 belles surprises, 2 excellents bruts de fût avec tout ce que l’on pourrait souhaiter venant d’un rhum agricole vieillit 17 ans. Cheers!!!