
Évaluation – Ferroni Boucan d’Enfer
Au XIXe siècle, le rhum était la boisson la plus prisée des marseillais avec plus d’une centaine de marques disponibles sur place, mais, avec le temps, les marques marseillaises disparurent progressivement. En 2010, Guillaume Ferroni s’est investi d’une mission afin de faire revivre cette culture du rhum marseillais tout en s’inspirant des traditions de l’époque. Passionné d’histoire et de spiritueux en tout genre, il tire son inspiration dans ses recherches historiques afin de concilier son amour pour la culture du rhum marseillais de l’époque et sa volonté d’innovation ainsi que sa soif de créativité. C’est au Château des Creissauds, un château sur la commune d’Aubagne dans les Bouches-du-Rhône à moins de 20km de Marseille, que Guillaume Ferroni s’attèle à faire revivre cette tradition marseillaise en y faisant maturer les rhums vieux de la gamme Ferroni. Évidemment, la maison n’offre pas seulement que du rhum. Elle propose également une palette de produits en passant par le gin, le whisky, différentes liqueurs, l’absinthe ainsi que le pastis.
Le Ferroni Boucan d’Enfer tire sa base du rhum Ferroni Ambré auquel on ajoute un peu de rhum agricole ainsi qu’un grand arôme de Martinique. Au final, cet assemblage est composé de 5 rhums de provenance diversifiée soit : Trinidad (mélasse), Guyana (mélasse), Île Maurice (agricole), Martinique (agricole) et Martinique grand arôme (mélasse). Le tout est assemblé au Château des Creissauds en Provence. Il subit un vieillissement de 12 mois en ex-fûts de cognac pour ensuite passer un 6 mois en ex-fûts de Rasteau. Pour finir, il subit un vieillissement d’un an supplémentaire en fûts de Whisky tourbé de l’île d’Islay. Il est finalement embouteillé à 50% d’alcool par volume dans la bouteille classique de la marque Ferroni. Auparavant, ce rhum s’appelait « Le Boucanier » pour ensuite changer de nom pour être désigné sous le nom qu’on connaît de nos jours. Fait historique intéressant concernant le nom du produit. Au XVIIe siècle, lorsqu’ils n’étaient pas en mer, les pirates semi-sédentaires (appelés autrefois les « boucaniers ») chassaient et faisaient « boucaner » leurs aliments afin de les conserver. Le « boucan » était la cabane dans laquelle ils procédaient à cette opération.
Il est de couleur paille foncé.
Le premier nez nous amène dans un tout autre univers en dégageant un côté fumé puissant et de tourbe. Une fois cette vague passée avec l’aération, on peut y trouver de belles notes fruitées presque compotées, de vanille et de poivre noir. Un nez atypique pour un rhum, mais il faut dire que le finish en fût d’Islay a laissé sa marque. Personnellement j’adore cette touche, mais ceux qui n’aiment pas le côté fumé/tourbé doivent s’abstenir.
En bouche, il est puissant et sec. On goûte bien le côté boisé, fumé ainsi qu’un côté minéral je dirais. L’apport en fût d’Islay est très impressionnant sachant que j’ai un rhum sous la main et non un whisky. Au moment d’écrire ses lignes, le côté fumé me rappelle un peu le saumon fumé à l’érable avec son côté fumé évidemment, mais offrant également une certaine sucrosité résiduelle que je ne saurais décrire davantage.
La finale est longue, généreuse et gouteuse sur la fumée, la tourbe, la vanille ainsi qu’un côté minéral/iodé. Une belle surprise de chez Ferroni. Il a déjà été disponible en SAQ, mais il faut maintenant voyager pour se le procurer. Il se détaille sur le web aux alentours de 45 EUR (soit 70$ CAD après conversion).
Cheers!!!