Évaluations – Gamme complète El Dorado Special Reserve 15 ans Limited Edition (Exclusif)
Évaluation #54-55-56-57-58-59 – Gamme complète El Dorado Special Reserve 15 ans Limited Edition
LES DIFFÉRENTES FINITIONS DE FÛT SPÉCIAUX!
Comme certains d’entre vous l’avez surement remarqué, il y a une certaine mode présentement dans le monde du rhum pour les finitions de fûts différents. Plusieurs compagnies/distilleries/embouteilleurs-assembleurs se sont lancés dans cette aventure au cours des dernières années, on a qu’à penser à Plantation et leur gamme Single Cask, HSE et leurs finitions du monde, Rhum JM et même prochainement Abuelo. Donc, avec la sortie de la nouvelle gamme de rhum El Dorado Special Cask Finish 15 ans il m’était impossible de ne pas aborder le sujet! C’est d’ailleurs cette gamme que je vous présenterai dans cet article.
Demerara Distillers Limited (DDL) nous présente donc pour commencer cette gamme de son classique Special Reserve 15 ans vieilli plus d’un an additionnel dans des fûts de vins différents. En tout, 6 différentes finitions :
· Fût de vin rouge portugais
Au nez: dès le départ on y retrouve des notes légèrement poivrées suivi ensuite par des raisins, fruits secs ainsi qu’un doux tabac. Le tout se termine avec un nez typiquement El Dorado de cassonade et de mélasse.
En bouche: nous avons des prunes et des raisins qui laissent rapidement leur place à un bouquet d’épices! Le tout s’atténue par la suite pour laisser place au chocolat noir et se termine avec une longue finale sur la cassonade, le tabac, les prunes et les abricots séchés.
Tout comme le 15 ans fini en fût de porto Ruby, celui-ci a été vieilli plus d’un an en fût de chêne français mais de porto blanc cette fois-ci. Ces fûts proviennent eux aussi d’une Quinta de la Vallée de Douro au Portugal. Le porto blanc est élaboré à partir de raisins blancs. Il est habituellement élevé de deux à trois ans en grands foudres et il peut être doux ou sec.
En bouche : à l’arrivée en bouche, de fortes épices réveillent le palais, on y retrouve ce petit côté terreux que nous avions au nez. C’est suivi par la suite de chocolat noir, de cassis et de notes quelques peu fumées. La finale est modérément longue sur la réglisse noire et la mélasse.
Pour celui-ci, le El Dorado 15 ans a séjourné plus d’un an en fût de chêne qui a été au préalable légèrement flambé ayant contenu un vin rouge portugais. Il m’a malheureusement été impossible de savoir quel type précisément de vin rouge a été utilisé dans ces fûts mais je peux dire que les vins rouge portugais sont généralement puissants et expressifs!
Au nez : pour commencer, nous sommes accueillis par des épices comme le clou de girofles, la cannelle avec quelque peu d’anis. Le chêne est bien présent et est accompagné de pelure de banane, de mélasse avec une légère touche citronnée. Très différent et même intrigant pour un produit El Dorado.
En bouche : assez sec à l’arrivée en bouche avec l’alcool très présent en avant plan. Ensuite, on y retrouve tabac, cerises noires, poivre et cannelle. La finale commence herbacée pour finir sur la cassonade. Ce n’est qu’à la finale que l’on reconnait le goût typique que l’on retrouve dans les rhums El Dorado.
Opinion finale: Belle complexité pour cette finition audacieuse. Le 15 ans est pratiquement méconnaissable et même si il est quelque peu dénaturé ici, il n’en est pas moins intéressant. Très bien balancé, avec un nez complexe et intéressant, ainsi très évolutif en bouche, ce rhum est vraiment une belle expérimentation.
Pour celui-ci, le El Eldorado 15 ans a maturé plus d’un an dans un fût de chêne français ayant servi à faire vieillir un vin de Madère. Ce vin est fait sur l’île de Madère qui appartient au Portugal. Ce vin rouge est fait un peu à la manière d’un porto mais il est chauffé lors du vieillissement. Il y a 4 variétés de vin de Madère : le Malvasia qui est doux et sucré, le Bual qui est mi-doux, le Verdelho qui est mi-sec et le Sercial qui est sec. Donc, pour ce rhum, DDL ont utilisé des fût de Sercial.
Au nez : pour commencer, celui-ci est assez fruité mais évolue rapidement et surprenamment vers un côté plus végétal. On découvre par la suite des arômes de caramel, de raisins et une petite touche pâtissière.
Opinion Finale: encore une fois un rhum d’une belle complexité, bon mélange entre le côté sec, épicé et sucré. L’attaque est forte pour débuter et nous donne un répit par la suite avec des notes sucrées et douces sur la longue finale. Beaucoup moins sucré que le 15 ans régulier, je lui préfère de loin cette version, une belle réussite!
Comme pour le précédent, le El Dorado 15 ans a séjourné plus d’un an en fût de chêne français ayant contenu du vin de Madère mais cette fois, ce sont des fût ayant servi au vieillissement d’un Malvasia qui est un vin doux.
Au nez : plusieurs fruits sont identifiables comme la banane, l’ananas et l’abricot. Suite à cela, se révèlent des arômes de fleurs séchées. Et pour finir, on y retrouve le caramel, légèrement poivré avec des notes de réglisse noire.
En bouche : doux sans être dans l’excès de sucre, on y retrouve aussi des épices comme la muscade et le gingembre mais de façon très douce. Au travers de tout cela se retrouve aussi du caramel salé et quelques petites gouttes de crème irlandaise. Pour la finale, nous avons une petite touche poivrée suivie d’agrumes et d’abricots séchés qui perdurent en douceur et très longtemps.
Opinion Finale: un petit peu moins complexe en bouche qu’au nez, celui-ci se veut un rhum très doux sans être très sucré. Il est lui aussi beaucoup moins sucré que le El Dorado 15 ans régulier. Très plaisant à déguster en relaxant!
Pour le dernier rhum de cette gamme, nous avons un El dorado 15 ans qui a subi un deuxième vieillissement mais cette fois en fût de chêne français de vin blanc de Sauternes. Ces fûts proviennent du Sauternais dans la région du vignoble de Bordeaux. Le vin de Sauternes est un vin doux liquoreux.
Au nez : Celui-ci est beaucoup moins sucré que les autres de la gamme, plus ténébreux! On y retrouve des notes subtiles de cacao et de café ainsi que du sucre brûlé et des cerises. Le côté boisé du chêne y est très présent avec un peu de cuir.
En bouche : Tout d’abord doux et suave avec des traces de noisettes, d’anis et de caramel salé, il évolue ensuite vers un côté un peu plus végétal et tourbé avec une pincée de sel. La finale est longue sur les prunes et le chêne avec un petit côté fumé.
Opinion Finale: Malgré un début très prometteur au nez qui semblait nous annoncer un rhum vraiment spécial, il a par la suite perdu des plumes car en bouche (quoique bien originale) nous n’y retrouvons pas le même niveau de complexité que le nez semblait l’annoncer. C’est ce qui m’a un peu déçu chez celui-ci mais il reste que c’est néanmoins un très bon rhum qui nous fait découvrir des facettes différentes de ce que l’on connaissait du 15 ans ordinaire.
Opinion générale sur la gamme : Je trouve cette expérimentation de la part de DDL très intéressante, même plus que je ne l’aurais cru. Le travail que ces rhums ont fait suite à leur second vieillissement est très surprenant et ce fut une très belle expérience de les goûter et les comparer entre eux ainsi qu’avec l’original 15 ans. Les 6 finitions sont toutes assez différentes les unes des autres, donc il y en a facilement pour tous les goûts. Les ’’fans’’ de El Dorado aimeront sans doute le Madeira sweet et le Ruby Port, tandis que le Red Wine, le Madeira Dry et le White Port pourraient certainement plaire aux amateurs de rhums d’agricole (en étant bien sûr ouvert sur les rhums de mélasse haha!) et pour finir, les amateurs de scotch avec le Sauternes. Mais attention ici, il ne s’agit pas d’un rhum au goût de porto ou de sauternes. Ces fût ont influencé pour sûr ces rhums mais ne les a pas transformé en vin pour autant! Aux dernières nouvelles DDL ne sont pas Jésus et ne changeront pas plus le rhum que l’eau en vin haha! 😉 En générale, il y a une grande différence avec le 15 ans régulier de la gamme, l’année de plus passé dans les différents fûts leur a donné une personnalité unique; ils sont moins sucrés et les finales sont plus longues.
En contrepartie, l’élément qui pourrait déplaire est le prix; qui dit ’’Limited Edition’’ dit prix élevé! (Il est à noter qu’au Québec pour une rare fois, nous avons un très bon prix, même qu’ils sont moins chers qu’à d’autres endroits!!!) Même si je trouve ces rhums très biens et certains même excellents, 130$ CAD est un prix quelque peu élevé. On parle de plus du double du prix que le El Dorado 15 ans original. Pour ma part, je crois que ces rhums auraient pu se vendre près de la moitié ou presque du prix s’ils n’étaient pas édition limitée. Donc ceci pourrait peut-être rebuter certains amateurs, par contre si on fait abstraction du prix, ce sont de très bons rhums bien intéressants. Alors, si le prix n’est pas un problème, que vous aimez les rhums de mélasse, vous ne serez probablement pas déçu, il ne vous reste qu’à choisir qu’elle finition vous préférerez 😉
Cheers!!!