Évaluation – Père Labat Clos Parcelaire Les Mangles Édition Limitée

Évaluation – Père Labat Clos Parcelaire Les Mangles Édition Limitée

14 septembre 2023 0 Par Maxime Fortier

La Guadeloupe ne s’est pas toujours appelée ainsi. Les indiens Caraïbe, ses premiers habitants, l’avaient nommé Karukera, qui signifiait « l’île aux belles eaux ». C’est Christophe Colomb qui l’a renommée en Santa Maria de Guadaloupe lorsqu’il l’a découverte lors de son deuxième voyage. En 1939, on comptait 55 distilleries sur l’île. En 1954, il en restait 37 et seulement 9 au début des années 1970. L’évolution de l’industrie du sucre explique le phénomène, un peu comme en Martinique, l’île voisine. Il reste 7 distilleries actives donc 6 de rhums agricoles (Bellevue / Damoiseau, Bologne, Montebello, Sévérin, Reimonenq, Longueteau et 1 de mélasse ; Gardel. Il y a aussi 4 distilleries sur Marie-Galante, une petite île au sud de la Guadeloupe ; Bielle, Bellevue et Père Labat qui font du rhum agricole et 1 de mélasse ; SRMG. Depuis 2015, les  »rhums de la Guadeloupe » bénéficient d’une IGP (Indication géographique protégée).

La sucrerie Poisson a été créée en 1860 par la famille Poisson sur le domaine de Grand-Bourg sur Marie-Galante. En 1916, la famille Rameau devient propriétaire des lieux et décide de se consacrer à la production de rhum. On achètera un alambic et une machine à vapeur qui sont d’ailleurs toujours en activité. Le nom de la distillerie  »Père Labat » sera nommé ainsi en l’honneur d’un missionnaire. Aujourd’hui, l’infrastructure s’est modernisée, mais les techniques traditionnelles de production demeurent authentiques.

Ce rhum pur jus produit en édition limitée m’a été partagé par une amie qui a séjournée sur l’île l’an dernier. C’est un rhum fait à partir de canne mauve récoltée à la main sur la parcelle surnommée  »Les Mangles » au nord de l’île. Il a ensuite été fermenté pendant 80 heures et distillé en colonne de cuivre de type Savalle. Il est embouteillé sur place à 53% d’alcool par volume et il est limité à 3 024 bouteilles.

Il est de couleur translucide,

Au nez, il est plutôt discret au départ. Avec un peu d’aération, il s’ouvre vraiment davantage. J’ai des odeurs de canne à sucre qui apparaissent avec un côté un peu iodé voire salin léger et qui devient plus évident par la suite. J’ai aussi de la vanille dans une ambiance très végétale assez bien ficelée. Le 2e nez avec la rétro-olfaction est encore plus intéressant.

En bouche, j’ai une texture douce et ensuite on part rapidement sur un voyage d’arômes avec en tête une salinité bien réelle et qui remplit le palai sans attendre. Le tout, suivi de fruits verts, de l’olive (comme sur certains Bielle que j’ai goûté auparavant mais moins mise de l’avant) et de la canne. Humm, il est délicieux et en puissance sur un fond végétal fourni et très agricole/artisanal dans le style et ce n’est vraiment pas un reproche.

La finale est longue, sèche, puissante, vive, délicieuse, saline et verte. Un rhum agricole sérieux, complet que j’ai bien adoré dégusté en ce samedi après-midi. Merci encore à mon amie de m’avoir permise de le découvrir, décidément les rhums de la Guadeloupe me plaisent de plus en plus! Vous l’aurez compris, il n’est pas disponible au Québec mais bien en Guadeloupe si vous y séjournez ou en France chez plusieurs cavistes, je viens de voir qu’il se vend actuellement approximativement 100$ canadiens, si on fait la conversion de l’euro.

Santé !